La Coiffe (Ar koëff) - Suite.



A DROITE OU A GAUCHE ?                                                                                                                                                     

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Une croyance tenace veut que le noeud de fixation de la coiffe soit TOUJOURS situé à gauche... Voici la preuve du contraire par l'image. L'explication est que la femme gauchère avait plus de facilité à faire son noeud à droite et la droitière à gauche... Vu qu'il y a plus de droitières et que les enfants gauchers (horreur !) étaient éduqués à se servir de leur main droite, bon nombre de photos représentent des femmes droitières (naturelles ou non).

Seule la tradition voulait que la cocarde, quand cocarde il y avait, soit fixée à gauche. Gauche, côté coeur, comme l'affirment certains ? Peut-être... Quoi qu'il en soit, dans ce cas le noeud de fixation de la coiffe était forcément situé... de l'autre côté ! Facile, non ?


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Le noeud du lacet de la coiffe est noué à droite. Celui du koeff blev (Pron. Koëff bléo) est noué à gauche afin de respecter un équilibre esthétique.
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Le noeud du lacet de la coiffe est noué à droite. Celui du koeff blev est noué à droite et la cocarde, en même tissus est fixée à gauche, toujours pour l'équilibre esthétique.


A toute affirmation, il y a l'exception qui confirme la règle. Je mettrai donc un petit bémol à cette affirmation : Pour peut que vous soyez vous-même Bigoudène ou que vous en connaissiez une, vous savez que son principal trait de caractère est de ne pas faire comme les autres... Comme l'a si bien dit Per Jakez Hélias "Nous autres Bigoudens, nous avons la réputation de ne pas être comme tout le monde. Cela doit être vrai puisque tout le monde le dit. Nous les premiers..."
Alors vous trouverez peut-être de peu courants documents, comme les deux suivants, où la cocarde est à droite et les lacets de la coiffe et du koeff blev sont à gauche.


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Sur ces deux photographies, les cocardes sont à droite et forcément, lacets de coiffe et de koeff blev sont de l'autre côté...

PARTICULARITE DU DEUIL                                                                                                                                                     

  • A la fin du XIX ème siècle, des coiffes dites "safran" côtoyaient les coiffes finement brodées des Dimanches et jours de fêtes.
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Coiffe fin XIXème  S.

Environ 6 cm
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Coiffe env. 1900

Environ 8 cm.
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Coiffe env. 1910

Environ 11 cm.
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Coiffe env. 1920

Environ 15cm.

Ces coiffes étaient des coiffes spécifiques portées pendant les périodes de deuil. Et Dieu sait si c'était courant sur ces côte inhospitalières ! En toile de lin ou de coton de couleur jaune safran ces robustes (rustiques) coiffes étaient plus grossièrement brodées de fil blanc (tout est relatif...) que leurs homologues de fêtes . Un large dalet (daledenn) de coton blanc protégeait l'arrière de la koëf blev.

La couleur "jaune safran" du tissus, plus justement qualifiable de couleur havanne, était obtenue grâce à une teinture élaborée artisanalement : Selon A.H. Dizerbo, cette couleur jaune était probablement obtenue à partir d'une décoction faite du contenu jaune-brunâtre du tube digestif des patelles (birinik) et d'algues brunes (tail) communes sur les côtes Bigoudènes. (Erc'h...)

Les forts tissus de lin ou coton neufs, teintés puis brodés de fils blancs, se tenaient sans amidonnage dans un premier temps, simplement par le fait de la teinture : L'amidonnage aurait teinté la coiffe en blanc... Las, les manipulations journalières, le vent et les intempéries avaient tôt fait d'assouplir et décolorer la coiffe. C'est pourquoi, après lavage, les repasseuses imbibaient puis collaient à l'amidon une pièce de carton à l'envers de la coiffe afin de lui redonner de la tenue.

Quelle que soit l'époque, les coiffes de deuil étaient toujours brodées selon le même schéma :
Une séparation (2) dans le premier quart du bas avec motifs planètes dessous (1), puis au dessus, quatre motifs identiques entourant encore un même motif central (3).





La fabrication de ce type de coiffe de deuil fut abandonné dans les années 1920 / 22 au profit de coiffes blanches brodées sur mousseline. (Voir paragraphes suivants)
La taille de ce type de coiffe à son maximum fut d'environ 15 centimètres.

Bon nombre de femmes "tombées" veuves avant ces années de transition, continuèrent, malgré la mode, à porter la coiffe "jaune" jusqu'à la fin de leur deuil ou jusqu'à l'usure de ladite coiffe...

Pour la petite histoire, la dernière Bigoudène portant une coiffe safran nous a quitté en 1970, à l'issue d'un très long deuil de près de 50 années : Elle portait alors encore, une petite coiffe jaune d'à peine 10 cm, alors que ses consoeurs portaient des coiffes de deuil blanches de plus de 30 cm !

Le deuil

  • Vers 1922, les coiffes de deuil "Safran" ont disparu, remplacées par une coiffe "normale" à broderie sur mousseline. Les motifs de deuil traditionnels furent conservés et la coiffe  brodée avec sobriété, sans ajourements (pas de jours dans la coiffe), comme celle de mon arrière Grand-Mère... Tout au plus s'ajoutait un étage supplémentaire de motifs séparés par une ligne afin de compenser le grandissement de la coiffe (voir doc. ci-après).  Pour les mêmes raisons de sobriété, ces coiffes ne comportaient pas de dentelle crénelée à la base et les lacets, quant à eux, perdaient toute richesse dans la broderie et devenaient très simples, souvent uniquement en percale festonnée ou percale à dents.

 


Coiffe de deuil après 1930       
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Une de mes Arrière Grand-Mères

Sur la Carte ci-dessous prise a l'école des filles Ste Anne du Guilvinec, on peut voir, près des Soeurs de la communauté des Filles du Saint-Esprit, des jeunes filles aux coiffes différentes par un détail. Pourtant, toutes on mis leurs coiffes de cérémonie pour l'occasion, à l'exception des jeunes filles en deuil.

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Sur la vue partielle de droite, on peut remarquer que :
  • la jeune fille de droite, toute de sombre vêtue parce qu'en deuil, porte une coiffe brodée sans jours et dépourvue de crénelage "fantaisie" à sa base.
  • il en va tout autrement pour la jeune fille de gauche, vêtue d'un tablier et d'un corsage clairs; elle porte sa coiffe de cérémonie comportant des jours et une broderie crénelée à sa base.
  • Il en va de même pour les lacets de leurs coiffes, simples pour la jeune fille de droite, brodés et ajourés pour celle de gauche.

Une fois de plus, les vêtements portés pendant le deuil devaient rester le plus sobre qu'il fut possible à une Bigoudène...

Ceci est "vérifiable" en observant les autres personnages de la carte.

On peut estimer que cette photographie a été prise après la 1ère guerre mondiale (1918 / 1920).


La Coiffe -Suite2-
Choix du costume
La Coiffe
La Coiffe -Suite-


© KBC Giz Bigoudenn 2016. Tous droits réservés.Dernière mise à jour : samedi 13 août 2016